jeudi 5 juin 2014

Les vaches maigres




Titre: bête et méchant

Auteur: François Cavanna

Année de première édition: 1981

Cote: B CAV

Domaine: Biographie



J'avais quitté Cavanna au retour de la Guerre en 1945 dans « Les Russkoffs » et le retrouve avec plaisir pour la suite de son autobiographie. François est de retour à Nogent-sur-Marne chez ses parents et se sentant l'envie de vivre de ses dessins, il va essayer de placer ces derniers dans la presse grand public qui est la seule à l'époque à proposer des dessins humoristiques. Ce sera l'époque des vaches maigres où l'on court avec les potes dessinateurs les bureaux des rédacteurs en chef pour placer un dessin mais Cavanna ne rentre pas dans le moule du conformisme de l'humour de l'époque.

Heureusement il y a les illustrations pour les livres d'enfants et autres salons où il peut gagner de quoi subsister; de plus Cavanna vit avec Liliane, rescapée des camps, qui lui donne le courage de se lever chaque matin et d'affronter la « jungle » de la presse. Liliane, au début François il avait pas prévu de tomber amoureux. Mais la vie a fait son oeuvre et maintenant il en est pincé et formule des projets d'avenir dans un Paris soumis à la crise du logement.

Malheureusement c'est aussi le temps des drames personnels pour Cavanna qui va vivre des moments très douloureux. Son salut viendra d'un propriétaire de journal vendu par des colporteurs. Cavanna y sera vite rédacteur en chef et apprendra en quelques années comment on fait un journal de A à Z. Naîtra alors l'envie d'éditer un journal avec les potes où il pourra développer les trucs qui le font rire à savoir taper fort sur tout pour ne pas mourir étouffé sous la bienpensance et la morale à la con.

Ce journal ce sera « Hara-Kiri » crée avec Choron et dans lequel tout une bande de gars sacrément doués feront leurs armes comme Cabu, Topor et Reiser. Dans le livre, Cavanna en dresse de très beaux portraits et explique aussi comment par la force des choses, il s'est mis à écrire plutôt que dessiner. Mais la surnoise censure veille dans cette France des « libertés » et en 1967, « Hara-Kiri » est pour la deuxième fois interdit de publication.

Ce livre vaut pour la belle langue de Cavanna qui décrit sa vie avec sincérité et qui retrace l'aventure d'Hara-Kiri, le journal bête et méchant. Mais Cavanna se laisse aussi aller grâce à son intelligence à expliquer pourquoi il aime l'humour qu'il développe dans son journal et pourquoi cet humour est indispensable. Il explique aussi pourquoi il ne veut faire partie d'aucun mouvement politique et retrace l'époque où un journal pouvait être interdit car il déplaisait au gouvernement. Et Cavanna de nous entraîner dans sa révolte face à la connerie!!