dimanche 17 février 2013

"Tombouctou" de Paul Auster




Titre: Tombouctou

Auteur: Paul Auster

Année de première publication: 1999

Cote: R AUS

Localisation: Magasin 3

Utilisation: Prêt normal



L'histoire: L'amitié entre un « marginal », Willy G. Christmas et son chien Mr Bones pour leur dernière aventure ensemble.



Ce que j'ai aimé dans le livre: Le talent de Paul Auster de nous prendre dans les filets de son imagination fertile dès la première ligne du livre pour ne nous relâcher qu'à la dernière après un fabuleux voyage. J'ai aimé le fait que l'auteur prenne comme point de vue celui du chien pour nous raconter l'histoire et par toutes sortes de trouvailles littéraires nous faire vivre pleinement cette amitié entre un vagabond et son chien. J'ai aimé qu'Auster nous présente Wily le héros humain du livre, qui a des problèmes psychologiques assez graves, sans le juger et de façon sympathiques; car après tout notre psyché peut nous jouer à tous des tours!

J'ai aimé la description de l'amour canin envers les hommes et l'évocation de la vie de hobo du personnage principal. J'ai aimé les paraboles qui émaillent le récit comme celles sur l'amitié. J'ai aimé l'évocation des années 50 aux USA, ces années insouciantes.

J'ai enfin aimé le style si simple de Paul Auster qui fait qu'on dévore ce livre sans s'en rendre compte. De plus, j'ajouterais que la dimension tragique du récit m'a ému. C'est une formidable histoire d'amitié.



Ce que je n'ai pas aimé dans le livre: J'aurais souhaité que Paul Auster décrive longuement les années de vagabondage de Willy et Mr Bones aux Etats-Unis.



Livres auxquels celui-ci m'a fait penser: En fait, ce livre est à mon avis un condensé de la littérature américaine depuis Poe et Twain jusqu'à la fin du 20ème siècle.



Une phrase du livre: « On ne faisait plus qu'un avec l'univers, on n'était plus qu'une particule d'anti-matière logée dans le cerveau de Dieu. »


lundi 11 février 2013

"Les clochards célestes" de Jack Kerouac





Titre: Les clochards célestes

Auteur: Jack Kerouac

Année de première publication française: 1963

Cote: R KER

Localisation: Prêt adulte



L'histoire: Jack Kerouac raconte la rencontre et la naissance de l'amitié avec Gary Snyder, poète, alpiniste, anti-conformiste, orientaliste et fou du zen dans les années 50. Ensemble ils graviront le Matterhorn, point culminant de la Californie et passeront un printemps enchanté dans une cabane sur une colline surplombant San Francisco. De plus, dans la durée du livre, Kerouac traversera trois fois les Etats-Unis en stop, la dernière fois pour se rendre dans le Nord-Ouest où Snyder l'a convaincu d'être guetteur d'incendie sur le Pic de la Désolation. Seul pendant deux mois au sommet, Kerouac s'adonnera à la méditation et le racontera dans la dernière partie du livre. De plus, tout le livre est traversé par les interrogations boudhistes des deux héros.



Mon ressenti: J'ai toujours considéré Kerouac comme un frère littéraire et j'ai eu le plaisir de vivre la naissance de l'amitié avec Gary Snyder grâce à ce livre car Kerouac est un formidable conteur. D'ailleurs la première partie du livre est « sage et calme » dans le sens où Kerouac ne se lance pas dans sa prose un peu folle; je pense qu'il est impressionné par ce jeune poète de 8 ans son cadet et qui dégage une énergie et des passions communicatives. L'ascencion du Matterhorn et les deux mois passés sur le sommet du pic de la Désolation marqueront profondément Kerouac et il doit ses expériences à Gary Snyder.

Bien sur la vie bohème des « beatniks » de l'époque nous est contée avec brio et la deuxième partie du livre devient plus folle. Kerouac passe un hiver chez sa mère en Nouvelle-Angleterre à méditer de jour comme de nuit dans les bois de pins et à rechercher des visions et à s'interroger sur sa foi boudhiste.

Ses traversées des Etats-Unis en stop sont toujours un peu folles et si bien racontées qu'elles donnent envie au lecteur de voyager aussi.

Ce livre est un merveilleux portrait de Gary Snyder qui osait vivre à sa façon dans l'Amérique conformiste des années 50. Ce livre n'a rien perdu de son énergie malgré le temps et est très bien écrit. Il est de plus un merveilleux témoignage sur la génération beat de l'époque.

C'est un hymne à la liberté conté par un Kerouac éclairé qui peut à son tour illuminer nos vies un peu vaines.

Je vous conseille donc de suivre la trace de Crazy Jack et de son pote Gary.

mercredi 6 février 2013

"Les intermittences de la mort" de José Saramago


Titre: Les intermittences de la mort

Auteur: José Saramago

Année de première publication: 2005

Côte: R SAR

Localisation: Prêt adulte



L'histoire: Dans un pays, subitement plus personne ne meurt. Les personnes à l'article de la mort y restent et bientôt le pays ne sait que faire de ces morts encore un peu vivants et de ces vivants presque morts. Comment va réagir le gouvernement à cette situation extraordinaire? Et la Mort, va-t-elle se manifester à nous pauvres humains pour expliquer cet état de fait?



Ressenti: José Saramago est un auteur portugais né en 1922 et qui a obtenu en 1998, le Prix Nobel de Littérature. Ce roman, écrit en 2005, montre que ce vieux monsieur sait rire du temps qui passe et de l'angoisse de la mort partagée par tous.

J'ai envie de dire qu'il y a deux romans dans ce livre; la première partie nous montre que dans ce pays si plus personne ne meurt, que va-t-on faire des éternels moribonds qui restent indéfiniment en vie. Les maisons de retraite et les hôpitaux sont débordés. Les entreprises de pompes funèbres font faillite. Le gouvernement et l'Eglise sont inquiets de cet arrêt de la mort qui déstabilise la sécurité du pays. Sans dévoiler les mots de l'auteur, je dirais que ce dernier excelle dans cette première partie à se moquer du gouvernement, de l'Eglise et de nos travers d'humains lorsque la situation devient exceptionnelle. Comment va réagir le gouvernement et qui va s'occuper de ceux qui ne peuvent pas mourir? Vous rirez en lisant les réponses plausibles apportées et même si le rire est parfois jaune, vous rirez d'autant plus des travers de nos sociétés modernes.

Cette première partie m'a fait penser aux problèmes que nos pays riches traversent comme le vieillissement de la population, la gestion de catastrophes nationales et les intérêts de ceux qui nous gouvernent. José Saramago force le trait et c'est réussi.

La deuxième partie du roman est un dialogue avec un être surnaturel et est donc fantastique et poétique. L'auteur s'essaie à ce dialogue surnaturel et malgré quelques bons passages et quelques bonnes idées, cette partie m'a moins plu que la première. Toutefois, le lecteur aura le « bonheur » de rentrer dans l'intimité d'un personnage que l'on rencontre rarement en littérature générale et c'est tout à l'honneur de l'écrivain.

L'écriture de Saramago est dense, faite de longues phrases où les dialogues font partie de la longue phrase. Toutefois, même si les paragraphes sont denses, le style est enlevé et jubilatoire tellement l'humour n'est jamais loin. Saramago est un érudit bien au courant des choses de la vie et du progrès qui nous enchantent par ses mots et ses proverbes bien sentis distillés tout au long du récit. Une sagesse se dégage de ce livre, sagesse de l'auteur qui a connu des temps plus anciens et qui les met en balance intelligemment avec ce présent compliqué. Ce livre a aussi des portées philosophiques qui nous entraînent vers des réflexions plaisantes.

Je dirais que lire ce livre vous fera rencontrer le style littéraire si particulier de José Saramago et qu'il vous fera passer un moment jubilatoire et vous fera réfléchir.